Lost for Words: Vers un glossaire du réenchantement

Une conférence-performance de Silvia Maglioni & Graeme Thomson, suivie d'une conversation avec Petra Koehle
Lundi 19 février 2024, 16h30, à l'EDHEA (Route de la Bonne-Eau 16, Sierre, salle la chapelle)

Dans leur nouvelle conférence-performance, les artistes et cinéastes Silvia Maglioni et Graeme Thomson proposent un voyage à travers les pouvoirs réenchantants des voix disparues et des langues en danger. S'appuyant sur un certain nombre d'œuvres récentes et sur leurs recherches actuelles, ils s’attachent à convoquer les forces des lichens, des oiseaux, des nœuds et des vagues, explorant les relations entre les espèces et forgeant des alliances intraduisibles.

Lost for Words est un projet multiforme initié par les artistes et cinéastes Silvia Maglioni et Graeme Thomson, qui s'attaque au phénomène de plus en plus répandu de l'extinction des langues. Les langues sont des organismes vivants, chacune portant en elle un univers entier. La disparition de l’une d’elles entraîne donc la perte de valeurs et de toute une vision du monde que, souvent, elle seule est en mesure de transmettre et qui constitue un élément essentiel de la protection de la terre. Lorsqu'une langue disparaît, c'est tout un monde d'interconnexions qui s’évanouit, tout un écosystème de connaissances, de sensations, de rituels, de récits, d'affects et de formes de soins. À partir d'archives numériques et de programmes de résistance locaux, ainsi que d'un certain nombre de livres, de films, d'œuvres d'art, d’investigations sur le terrain, de rencontres et de rassemblements collectifs, le projet se concentre sur des cas singuliers qui témoignent du lien entre les mots perdus et les formes de vie disparues ou en danger, tout en mettant l'accent sur les zones d'intraduisibilité, d'entre-deux et d'absence.

En parallèle, la recherche des artistes ambitionne de cartographier les mots et les concepts dont les significations et les usages sont capturés, empoisonnés ou altérés par les effets du capitalisme extractiviste, du colonialisme et des médias, réfléchissant aux moyens de les "soigner". Adoptant une approche transdisciplinaire et décoloniale et combinant la co-recherche philologique et anthropologique avec la fabulation spéculative et la performance, le projet implique la composition d'un glossaire du réenchantement ainsi que la création d'une clinique des mots. A l'instar des tentatives actuelles de réensauvagement de certaines parties de notre écosystème planétaire, mortellement menacées par les ravages de la monoculture industrielle, les artistes souhaitent expérimenter la possibilité d'un réensauvagement similaire des langues à travers une approche hétérogène et biodynamique qui vise à favoriser une co-floraison de mots, d'écosystèmes, de formes de vie et de pensée enchevêtrées issues de différentes cultures et époques: des mots perdus pour nous aider à réenchanter le monde et à récupérer de petits fragments du réseau vivant qui compose notre planète.

Le projet de recherche Lost for Words se déploie entre août 2023 et juillet 2024 en dialogue avec six partenaires internationaux: l’Ecole de design et haute école d’art du Valais (EDHEA), l’Ecole supérieure d'art et de design Marseille-Méditerranée (ESADMM), l’Ecomuseo del Mare à Palerme, la Sorbonne Nouvelle à Paris, Bulegoa à Bilbao et la Fondazione Merz à Turin. Il est soutenu par la Direction générale de la créativité contemporaine du ministère italien de la Culture dans le cadre du programme Italian Council (12e édition, 2023), qui vise à promouvoir l'art contemporain italien dans le monde entier.