Marcelline Delbecq et Axelle Stiefel

PhD Dialogues

L’institut de recherche en arts visuels (IRAV) lance une nouvelle série de dialogues autour du doctorat artistique: PhD Dialogues. A chaque rendez-vous, il invite deux personnalités à présenter la recherche doctorale à différents moments de la réalisation.

Pour cette première rencontre, Marcelline Delbecq, artiste et écrivaine française, docteure du programme SACRe à l’Ecole Normale Supérieure de Paris, présente son travail de thèse mené à l’intersection de l’anthropologie visuelle et du cinéma. Elle dialogue avec Axelle Stiefel, artiste franco-suisse basée à Genève, qui élabore actuellement un projet de thèse autour de l’auto-ethnographie, mené à partir d’une série d’études de cas sur le terrain. La séance est introduite et modérée par Jelena Martinovic, responsable IRAV.

Informations pratiques

Date: mardi 17 octobre 2023, 16h - 18h30 (suivi d'un apéritif)
Lieu: EDHEA, salle la Chapelle (Route de la Bonne-Eau 16, Sierre)
La participation au rendez--vous est gratuite, sur inscription (jusqu'au 15 octobre).


Marcelline Delbecq

Marcelline Delbecq est artiste écrivaine, traductrice membre de l’ETL du CNL et docteure du programme SACRe à l’Ecole Normale Supérieure, Paris. Après des études de photographie aux Etats-Unis puis de beaux-arts et de critique d’art en France, sa pratique s’est éloignée de la production matérielle pour se concentrer sur la potentialité de l’écriture à faire image. Elle a été écrivaine en résidence d’Ile-de-France à la librairie Vendredi à Paris en 2022.
Ses textes existent tant sous forme de publications (Camera, Ugly Duckling Presse, New York, 2019; Dialogue, avec Ellie Ga, Shelter Press, 2017; Oublier, voir Manuella éditions et Fondation Cartier, 2015…), de lectures en public (Fondation Cartier, Ferme du Buisson, Petit Palais, Musée d’Orsay...), de collaborations (Printemps de Septembre avec le musicien Eric Chenaux, L’usage du terrain avec le chorégraphe Rémy Héritier, Landscapes et Tornades avec la photographe Marina Gadonneix) et de contributions pour Trafic, The Art Newspaper, AOC et les Carnets du Paysage.

Mille années de main en main ou l’odyssée d’une recherche
Mille années de main en main est un essai à la croisée de la littérature, des langues, de l’anthropologie visuelle, de l’histoire, de la photographie et du cinéma. A partir d’une photographie prise par l’employé des services d’immigration d’Ellis Island et photographe amateur Augustus Frederick Sherman — photographie titrée Untitled Woman, Ellis Island, New York, 1905-1920 appartenant aux collections du Metropolitan Museum of Art de New York sans avoir jamais été montrée — l’essai convoque les multiples documents qu’elle draine dans son sillage (photographies, textes non encore traduits, entretiens) pour sonder les interstices des mouvements engendrés: mouvements visuels, historiques, temporels ou de pensée, explorés tant dans le lien qui unit l’image au texte que dans le fait que le regard spectateur puisse les susciter; mouvements fixés à la surface d’une image palimpseste dont les strates ont été lues comme on tente de lire des empreintes.
Monté pour être à la fois une possible traduction de l’essai et une revenance de Untitled Woman, Ellis Island, New York, 1905-1920 un siècle plus tard, le court film Mille années de main en main (une odyssée) est le portrait filmé de la poétesse turque Sevinç Çalhanoglu, immigrée illégale dans l’Amérique de Donald Trump, empêchée de retourner à ses propres origines. Cette recherche tente de sonder, à travers l’énigmatique présence / absence de Untitled Woman, Ellis Island, New York, 1905-1920 les notions d’apparition, de légende, de chronique et de chronologie, d’exil, de traduction et de revenance. Pour qu’à travers l’écriture, l’image et la voix, puisse s’inscrire quelque part dans l’espace et dans le temps la trace d’une jeune femme anonyme dite «Sans titre».


Axelle Stiefel

Axelle Stiefel est une artiste suisse et française, basée à Genève. Partant de situations, sa démarche s'est construite à travers l'expérience de dispositifs performatifs et cinématiques. Elle poursuit une ligne de recherche, appelée le fil rouge, qui consiste en une métaphorologie du textile lui permettant d'interroger les notions de continuité et de permanence. Intégrée dans diverses organisations, l'artiste pense le travail par l'interaction et l'intégration. Ces caractéristiques l'amènent à s'engager dans les activités de design, de développement de concepts et de conseil.

L’artiste embarquée et perspectives auto-ethnographiques
Depuis septembre 2023, Axelle Stiefel est embarquée dans le programme de résidence TaDA, initié par les cantons de St Gallen, Thurgau et Appenzell Ausserrhoden, visant à revitaliser l'industrie textile suisse grâce aux échanges interdisciplinaires.
S’appuyant sur ce cadre, elle appréhende sa résidence comme le terrain d’une recherche par les moyens de l’art, préfigurant un projet de thèse nourri par l’étude de cas. L’analyse des raisons structurelles d’une tendance à la bifurcation observée dans la trajectoire des artistes en dehors des espaces conventionnels de l’art, donne lieu à une réflexion sur leur impact dans la fabrication de mondes.
Aussi, l’artiste trouve dans l’autoethnographie, des outils qui la préparent à différentes situations. En effet, chaque zone de contact négociée avec les interlocuteurs rencontrés sur le terrain, rend saillants les problématiques et les enjeux du réseau d’acteurs constituant le terrain-même.
Chemin faisant, l’artiste découvre un domaine d’innovation technique qui surpasse le textile et représente un cas d’exemple pour une histoire des infrastructures modernes sur fond de globalisation. Le terrain devient alors l’occasion de creuser ses propres attaches avec le sujet du textile et de réviser les données biographiques de cette investigation. Dans ce processus, l’artiste-chercheuse porte une attention particulière tant aux interactions qu'aux sensations sous-jacentes qui lui permettent d’encoder l'information.

En filigrane, ce qui s’expose là est une méthode d’approche récurrente dans le travail de l’artiste que l’on peut retracer en différentes occurrences, telles que: le magazine ANT qu’elle édite à l’occasion des Swiss Art Awards 2020, la distribution d’un journal hybride (digital/analog) à la biennale Sculpturegarden à Genève en 2022, sa participation à la compétition pour un Kunst am Bau au Palais Fédéral en 2021, pour citer quelques-unes des activités embarquées dans le secteur public et privé, où l’artiste alterne les rôles de conseillère, coach ou designer.